dimanche 14 octobre 2012

La couleur des sentiments

STOCKETT Kathryn






Présentation


Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui ‘la élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.

Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Passionnant, drôle, émouvant, La couleur des sentiments a conquis l’Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d’exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

Avis 

A travers le regard de 3 femmes, c'est l'histoire d'une résistance, puis d'une révolte contre la ségrégation raciale aux Etats Unis du milieu du XXème siecle.  Tout d'abord, Aibeleen, bonne chez Mrs Leefolt ( jeune bourgeoise désargentée), est une femme de cinquante ans, qui a toujours servie les blancs. Elle a élevé leurs enfants et s’occupe à présent de la petite Mae, petite puce de deux ans, peu aimée par sa maman. Ravagée par la mort de son fils unique, elle est une figure appréciée de la communauté noire. 
Minnie, jeune maman de 30ans à la langue bien pendue, s'est fait renvoyée de Mrs Walters après un Accident Innommable avec une tarte; ce sera d'ailleurs un des fils conducteur de l'histoire (assez savoureux, il faut l'avouer). Mrs Walters, raciste convaincue et, est la "méchante" de l'histoire.
Enfin, Skeeter, jeune bourgeoise blanche, cherche un sens à sa vie. Un peu décalée dans cette société, elle rêve de s'affranchir d'une maman très possessive, qui rêve de la voir marier. Skeeter sera le déclencheur de cette révolte en voulant écrire un livre sur le quotidien des bonnes dans le Mississippi. Inconsciente au début des dangers de cette entreprise, elle trouvera le soutien de Aibeleen puis de Minnie. Ce sera le début d'une prise de conscience pour Skeeter et la dénouement pour Aibeleen et de Minnie de nombreux carcans et liens. 

Il est toujours difficile de poster une critique sur un livre qui est un grand succès. Je dois avouer que je ne suis pas déçue, même si j'ai eu du mal à accrocher sur les 50 premières pages, certainement due à l'appréhension que le livre ne réponde pas à mes attentes. Ensuite, je l'ai littéralement dévoré en 2 jours. 
Le thème de la ségrégation raciale est abordé de façon franche et directe : les lois et préjugés sont implacablement décrits dans les moindres détails. Je pense que nous ne pouvons imaginer le degré de frontière que ces règles imposaient. Mais si aujourd’hui la ségrégation est officiellement abolie, le mécanisme mental du racisme est bien le même à l'époque que maintenant. La violence faite aux Noirs est hallucinante : l'impunité des bourreaux permet de créer un climat de peur, qui annihile toute volonté de résistance.  

Ce qui est très contradictoire, c'est la proximité que les bonnes entretenaient au sein des foyers, et en même temps la division étanche entre ces deux mondes. Cette distinction est d'ailleurs bien entretenue par les deux parties : on voit bien la difficulté que Celia et Skeeter ont à entretenir des relations de façon "égalitaire". J'ai beaucoup aimé le rôle d'Aibeleen et celui de Constantine (nounou de Skeeter) auprès de enfants des familles qu'elles servent : comment est-ce possible que les enfants devenues grands reproduisent cette séparation alors qu'ils sont si proches petits de leurs nounous ? C'est touchant de voir l'impact sur Aibeleen qui les considèrent comme ses enfants mais aussi l'attachement de Skeeter pour sa nounou, qui a  remplacé une maman un peu distante.

Enfin, la place de la femme et son émancipation est aussi un thème majeur de ce roman . Que l'on soit blanche ou noire (encore bien plus), le carcan de la société permet peu aux femmes du Mississippi d'être indépendante; le mariage est la seule option raisonnable et correcte. Quelle futilité, quelle vacuité on peut ressentir dans la vie de ces femmes. Skeeter est le poil à gratter, qui permet de faire sauter le vernis de ces amitiés superficielles, et surtout de révéler la vraie personnalité de chacune.

C'est magnifiquement écrit, avec beaucoup d'humour (bienvenu par ailleurs) : Minnie est particulièrement savoureuse avec son franc parler. Je regrette juste dans ce livre le happy end trés américain : la méchante est punie, chacun montre au final son bon côté et tout va bien pour les héroïnes. Je ne demandais pas une fin tragique mais peut être une fin un plus nuancée.

 

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