Autres

Monk

De WILDE Laurent






Présentation de l'éditeur

Parmi les génies que compte la musique négro-américaine, Thelonious Sphere Monk est certainement le plus étrange, le plus singulier. Il se dresse dans le paysage du jazz comme un mégalithe énigmatique. L'homme et la musique sont ici clos sur eux-mêmes. Il faut, pour pénétrer cet univers si particulier, avoir la sensibilité de l'artiste et la rigueur de l'analyste.
C'est ce qu'a réussi Laurent de Wilde. Seul un musicien doublé d'un écrivain pouvait, de la façon la plus vivante, nous décrire un univers de psychopathe protégé, tout autant qu'analyser tel thème, tel solo, telle conclusion paradoxale. En connaisseur du terrain, il nous fait visiter les lieux, dévoile des passages secrets et nous remet la clef, une fois qu'on est entré.


Avis 

Ce livre m'a été conseillé par une amie, malgré que je sois totalement néophyte en jazz. A vrai dire, je ne connaissais absolument pas cet artiste (un peu la honte tout de même). Et quelle découverte! je n'avais qu'une envie tout au long de ma lecture, c'était de courir sur le web pour écouter sa musique. 
Thelonius Monk est un génie du jazz, qui n'a connu la célébrité qu'à partir de 39 ans. Auteur-compositeur, possédant une personnalité atypique, il a pu toujours faire la musique telle qu'il l'aimait, même en période de disette. Né dans une famille très simple à New-york, temple du jazz à l'époque, il a pu se construire une légende grâce à sa seule musique et non à ses frasques. Il est mort au début des années 80 atteint de démence (comme son père ?), qui aura été latente une bonne partie de sa vie. L'auteur parvient à expliquer relativement simplement la complexité de ses compositions, nous fait ressentir son génie et c'est remarquable pour des personnes comme moi qui n'ont aucune connaissance en musique.
En alternance avec cette exploration de l’œuvre de l'artiste, on découvre tout au long de ce livre, des grandes figures de la musique : artistes, manager, maison de disques, mécènes ect.... Laurent de Wilde dans ce livre décrit et explique tout l'univers de la musique : du bar de jazz aux règles de maisons de disques, du fonctionnement d'un orchestre, du rôle du jazz et de la place des noirs dans la société de l’Amérique dans la première moitié du siècle...C'est passionnant, très documenté et remarquablement fluide grâce à un style vivant, dynamique et bourré d'humour.
Ce livre est donc bien plus qu'une simple autobiographie : c'est une véritable analyse de la société américaine, du monde du jazz et de l’œuvre d'un génie. Une agréable surprise.

Je me suis donc permis de vous laisser un des extraits trouvé sur Youtube de l'un de ses meilleurs morceaux :











DE WILDE Laurent

  

No et moi

DE VIGAN Delphine





Présentation de l'éditeur
Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur. Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Mais nul n’est à l’abri...

Avis
2 coup de cœurs en une semaine, c'est vraiment rare  mais ce petit livre est un petit bijou, plein d'humanité et de tendresse.
C'est l'histoire de 2 jeunes filles, abimées par la vie de façons différentes qui se rencontrent et qui vivront  une belle amitié. Même si on pourrait reprocher au récit de dégouliner de bons sentiments, d'être trop sentimental, cette amitié improbable est pleine de fraîcheur. Lou est jeune adolescente précoce, avec une cellule familiale bouleversée par le décès d'un nourrisson. Différente des autres adolescent de sa classe et marquée par le drame familial, elle a du mal à trouver sa place et un sens à sa vie. Sa mère, plongée en pleine dépression, est un fantôme, incapable de lui montrer de l’intérêt et d'exprimer ses sentiments. Son père tente de maintenir l'équilibre fragile de cette famille, par un optimisme et un amour incommensurable pour les deux femmes de sa vie.
No (Nolwenn), enfant traumatisée par une enfance difficile, tente de survivre dans la rue. Elle essaiera de se raccrocher à Lou, ce petit bout de femme, plein d'espoir et de rêve qui lui tendra la main. Pourtant, malgré l'amitié de Lou, des parents de cette dernière et enfin de Lucas (le petit ami de Lou), No se heurtera à la réinsertion si difficile, implacable pour les plus faibles.
De cette impossible tentative, Lou pourra grandir, parler avec son cœur et pas seulement raisonner. Cette rencontre permettra enfin à sa maman de sortir de son isolement et de retrouver sa fille.

C'est magnifiquement écrit. Le ressenti et les pensées de Lou sont très bien décrits, vivants, réels. Cela se lit très facilement et j'ai pu le faire lire à ma fille de 10 ans qui a été aussi très touché par cette histoire.
Je recommande.





 DE VIGEAN Delphine

NEIGE

Fermine Maxence

 


Présentation de l'éditeur

A la fin du XIXème siècle, au Japon, le jeune Yuko s'adonne à l'art difficile du haïku. Afin de parfaire sa maîtrise, il décide de se rendre dans le sud du pays, auprès d'un mainte avec lequel il se lie d'emblée, sans qu'on sache lequel des deux apporte le plus à l'autre. Dans cette relation faite de respect, de silence et de signes, l'image obsédante d'une femme disparue dans les neiges réunira les deux hommes.
Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l'amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve aussi le portrait d'un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s'affronte aux forces de la vie.



Avis 

J'ai découvert ce bijou d'élégance grâce aux  lecteurs de Babelio et les éloges sont réellement justifiés. C'est un roman d'une centaine de pages, je ne devoilerais donc pas plus l'intrigue afin de laisser la magie s'exercer.

C'est un livre propre à la réflexion car il aborde beaucoup de sujets à travers une approche poétique : le haïku, très court poème de 17 syllabes, est un art au Japon, répondant à des règles très strictes. Maitriser le haiku , c'est démontrer des qualités artistiques et posséder être un homme complet. Dans le roman,il est question de  : qu'est-ce ce qui fait l'excellence d'un poète en haiku. L'art du Haiku ne se résume pas à une maitrise de la plume mais à une ouverture d'esprit, capable de s'enrichir de l'environnement extérieur et des rencontres. 

Dans, ce récit il est donc question de l'art mais c'est aussi une réflexion sur la jeunesse et sur la maturité : pétri de certitude dans sa jeunesse, le héros va découvrir le doute, perdre ses certitudes sans renoncer à son rêve. Au début du récit, ses poèmes sont magnifiques mais blancs : sans couleur, ils sont sans nuance, sans profonde richesse. En côtoyant son maître, il va ouvrir sa sensibilité à d'autres éléments, qui vont l'aider à grandir, à évoluer et donc donner du relief à sa réflexion poétique.

Enfin, il est question d'amour : un amour magnifique, sublime, qui marque la vie du maître et son âme. Le jeune Yuko, par hasard, rencontrera la jeune funambule. Semblable à un ange, elle marquera profondément son esprit mais différemment de son maître. Comme le fil qu'elle tend entre deux montagnes, cette rencontre est le fil conducteur de sa vie et de ce roman.



Maxence Fermine

Assez parlé d'amour

Hervé le Tellier



Présentation de l'éditeur


 ''La planète connut cette année-là son automne le plus chaud depuis cinq siècles. Mais de la clémence providentielle du climat qui joua peut-être son rôle, il ne sera plus question. Ce récit couvre l'espace de trois mois et même un peu plus. Que celle - ou celui - qui ne veut pas - ou plus - entendre parler d'amour repose ce livre.''

Ainsi commence Assez parlé d'amour. Anna et Louise pourraient être soeurs, mais ne se connaissent pas. Elles sont mariées, mères, heureuses. Presque le même jour, Anna la psychiatre va croiser la route de Yves, l'écrivain, Louise l'avocate croise celle de l'analyste d'Anna, Thomas. A quarante ans, à ce tournant d'une vie qui ne comporte pourtant que cela, la foudre est encore permise, mais quand on a cru - à tort - que le destin était à jamais écrit, le désir et la liberté se payent cher et comptant.

Hervé Le Tellier, en horloger délicat, trace la parabole de leurs trajectoires. Amoureux de ses personnages, il dessine une galerie de portraits tendres et sans pitié de femmes, d'amants et de maris.

Avis

Le mot qui me permet de qualifier ce roman est lumineux. Le thème, pourtant maintes fois traité, est ici un croisement harmonieux et subtile entre les personnage. J'ai découvert que la construction du roman a été faite selon les contraintes de Oulipiens. L'Ouvroir de Littérature Potentielle, Oulipo, a été fondé le 24 novembre 1960 par une groupe d"écrivains, de mathématiciens et peintres tels que Raymond Queneau, François Le Lionnais, Italo Calvino, Jean Queval ou Claude Berge. Le but de l'organisation était d'inventer une nouvelle écriture romanesque et poétique en intégrant des contraintes scientifiques à la littérature. Dans le cas présent, il s'agit de la base d’une partie de dominos, de dominos abkhazes.  Dans la règle des dominos abkhazes, fait rare, il est possible de reprendre un domino déjà posé. Dans ce roman, un double posé donnera naissance à un chapitre à un seul personnage, un simple à un chapitre à deux personnages, exceptionnellement trois si l'un des personnages n'agit ni ne parle. Le double zéro est un cas intéressant : il créera un chapitre avec deux personnages secondaires, ou un seul. On peut donc voir que la construction du roman est très cadrée et pourtant quelle harmonie se dégage de ce roman.

Nous rencontrons donc 6 personnes, dont 2 couples et 2 amants, dont l'histoire d'amour adultère est décrite de l’émergence des sentiments au dénouement final. Ces histoires d'amour adultères seront un révélateur pour ces hommes et ces femmes : les femmes devront faire un bilan de leur vie car leur choix déterminera la suite de leur existence. Il est difficile d'en dire plus sans révéler la subtilité du roman.
C'est remarquablement écrit, avec finesse mais aussi beaucoup d'humour (surtout les propos du psychiatre). Je reprends le terme d'une critique qui dit que Hervé Le Tellier est un fin horloger : la succession des 60 chapitres, plus ou moins longs, avec les croisements perpétuels des personnages, est pourtant remarquablement fluide. Les sentiments sont délicatement exprimés et avec une certaine élégance.
Une vraie découverte de délicatesse.


 LE TELLIER Hervé

 

Dernière nuit à Twisted River

IRVING John


Présentation de l'éditeur

1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !

Avis

Ce livre est mon premier de John Irving et je comprends maintenant l'engouement pour cet auteur.
Je n'en raconterais pas plus sur l'intrigue car la quatrième couverture est suffisamment détaillée : il serait dommage de dénaturer la subtilité de ce roman par des révélations maladroites.
Que dire qui n'a pas été dit?
Je vais commencer par ce qui m'a posé problème et je finirais par les multiples points positifs.
La longueur du roman (prés de 700 pages) n'est pas une difficulté en soi pour moi : Dernière nuit à Twisted River couvre des dizaines d'années, presque toute une vie, il y a donc peu de temps mort. Certains passages notamment de description de lieux sont un peu longues, mais ce n'est pas cela qui réduit la vitalité de l'intrigue.
Ce qui m'a posé vraiment des difficultés, ce sont les allers retours dans la chronologie des événements : c'est parfois déstabilisant et il m'est arrivé de revenir en arrière pour bien comprendre le période où se situe la narration. A contrario, le déroulement non linéaire de l'intrigue apporte vraiment à la beauté de l'écriture : le lecteur ressent vraiment les liens qui existent entre les événements passés, le suspens est distillé avec brio ce qui nous pousse à continuer la lecture. C'est vraiment trés accrocheur et il faut reconnaitre un vrai talent à John Irving pour cela.
J'ai vraiment été époustouflé par la qualité de l'écriture. Tout est décrit avec des mots subtils, incroyablement réalistes : c'est une ode à la nature de l'Amérique du sud sans nier l'impact de la modernisation et les conditions de vie précaires, voire primaires des draveurs. Les personnages sont très nombreux, mais avec une personnalité profonde, toujours en clair-obscurs. Aucun n'est superflu mais enrichissent le parcours de vie de Dominic et de Danny, comme chacun peut en rencontrer dans une vie. Ketchum, le draveur solitaire, est une vraie figure : son vocabulaire, sa solitude choisie, son rôle de protecteur en font vraiment une personnalité unique, trés attachante.
Enfin, ce livre est une réflexion sur le travail de l'écrivain : en quoi les événements de la vie nourrissent l’inspiration de l'auteur ? S'en sers-t-il pour créer une œuvre ou pour exorciser ses propres démons ? John Irving ne livre pas de réponses mais dresse un portrait tout en nuance d'un écrivain. J'ai vraiment découvert avec plaisir ce livre et cela ne sera pas mon dernier roman de John Irving.



 IRVING John

 

Les Filles de L'ouragan

Joyce Maynard




 
Présentation de l'éditeur
 Elles sont nées le même jour, dans le même hôpital, dans des familles on ne peut plus différentes. Ruth est une artiste, une romantique, avec une vie imaginative riche et passionnée. Dana est une scientifique, une réaliste, qui ne croit que ce qu’elle voit, entend ou touche. Et pourtant ces deux femmes si dissemblables se battent de la même manière pour exister dans un monde auquel elles ne se sentent pas vraiment appartenir. Situé dans le New Hampshire rural et raconté alternativement par Ruth et Dana, Les Filles de l’ouragan suit les itinéraires personnels de deux « sœurs de naissance », des années 1950 à aujourd’hui. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, Joyce Maynard raconte les voies étranges où s’entrecroisent les vies de ces deux femmes, de l’enfance et l’adolescence à l’âge adulte - les premières amours, la découverte du sexe, le mariage et la maternité, la mort des parents, le divorce, la perte d’un foyer et celle d’un être aimé - et jusqu’au moment inéluctable où un secret longtemps enfoui se révèle et bouleverse leur existence. C’est un roman sur la culture des fraises et la conscription pour le Vietnam ; sur l’élevage des chèvres et les rêves vains de fortune vite gagnée ; sur l’amour de la terre et l’amour d’un père ; sur des individus qui, sans cesser de se chérir, peuvent soudain se blesser profondément. Les Filles de l’ouragan est surtout une histoire sur les liens qui constituent une famille, un foyer, sur la force dévastatrice de l’amour qui s’achève, et l’apaisement qu’apporte le pardon.

Avis
La quatrième de couverture résume assez bien l'intrigue de ce roman. En dire plus, serait révélé tout son intérêt. Je me permettrait donc juste de donner mon avis. Ce livre m'avait été recommandé par une amie et beaucoup de critiques étaient élogieuses sur Babelio. Si je n'ai pas été déçue, je ne peux pas dire que ce soit un coup de cœur non plus.
Je me suis bien laissé entrainer dans ce roman, grâce à une écriture vigoureuse et vivante. Le fait que les récits de Ruth et de Dana s’alternent, parfois avec des visions parallèles de mêmes événements, est particulièrement réussi et donne beaucoup de dynamisme. Par contre, il faut avouer que l'on devine très vite le cœur de l'intrigue, même si il est révélé qu'à la fin du roman.
J'ai beaucoup aimé la traversée de différentes époques sur cinquante ans avec le modifications des habitudes de vies, des mœurs notamment l'évocation de l'homosexualité féminines est encore tabou même en 1970. Les difficultés des rapports mère-filles sont aussi finement évoqués : les non-dits, les gestes (ou leurs absences) ont parfois beaucoup plus de sens que les actes et sont ressentis dans toute leurs vérités par l’enfant quoique les personnes fassent. Le portrait du père est particulièrement réussi : aimant, toujours présent même il ya peu de demonstrations d'affections, son rôle structurant et rassurant sera une véritable bouée de sauvetage pour une des heroines.

Pour toutes ces raisons, je trouve ce roman attachant dans l'ensemble. Un peu maladroit ou lourd par moment (des passages un peu trop larmoyants), beaucoup de sujets sont évoqués malgré tout avec finesse et justesse. Enfin, il correspond parfaitement au challenge destins de femme, car la destinée de ces 2 femmes est peu communes.




MAYNARD Joyce

 

On peut se dire au revoir plusieurs fois

  SERVAN-SHREIBER David



Présentation de l'éditeur

« Tôt ou tard, il allait revenir. Je connaissais les pronostics de mon cancer. Je pouvais retarder l’échéance, gagner des années, presque l’oublier, mais cette fois c'était "the Big One", comme disent les Californiens qui redoutent un tremblement de terre dévastateur. Cette rechute m’a amené à me poser les questions les plus graves, peut-être les plus importantes de ma vie : si je suis rattrapé par la maladie alors que je pense, mange, bouge, respire et vis anticancer, alors que reste-t-il d’Anticancer ? C’est pour répondre à cette question que j’écris aujourd’hui. Ce livre est aussi l’occasion, pour moi, de dire au revoir à tous ceux qui ont apprécié mes livres précédents ou qui sont venus m’écouter. Quoiqu’il arrive, j’ai le ferme espoir que cet au revoir ne sera pas le dernier. On peut se dire au revoir plusieurs fois. »

Avis

Ce livre est le testament de David Servan- Schreiber, où il nous raconte son combat de 20 ans contre le cancer. Il raconte non seulement son parcours" médical", mais surtout son évolution personnelle, ce qui a été positif bien sûr, mais aussi ses erreurs, ses manquements. Pour ceux qui le connaissent peu, ce psychiatre s'est fait connaitre par des livres Guérir (Pocket 2005) et Anticancer (Robert Laffont, 2010), dans lesquels celui-ci faisait des recommandations d'hygiène de vie pour lutter contre le cancer et surtout le prévenir : aliment sains, méditation pour gérer le stress, exercices physiques, yoga...Même si ce n'est pas aujourd'hui révolutionnaire, il a été en son temps un précurseur pour une approche plus globale du malade et pas simplement une focalisation sur la tumeur. Sa durée de vie, malgré un cancer qui aurait du lui laisser un répit de 4 ans, lui a permis de se faire connaitre auprès de millions de lecteurs. Dans ce dernier ouvrage, il prône encore l'ouverture à de nouvelles méthodes, à des approches plus centrées sur les propres ressources de la personne : les méthodes allemandes sont particulièrement édifiantes. 
David Servan- Schreiber évoque avec lucidité la douleur, la mort, l'espoir, ses proches...C'est un livre étonnamment positif, qui rayonne de sérénité, d'amour même (et ce n'est ni dégoulinant de bons sentiments ni dans le pathos) avec une approche de sujets difficiles de façon simple mais sensible.


 SERVAN-SCHREIBER David



 

Trois vies chinoises

SIJIE DAI

 

 

Présentation de l'éditeur

Un gamin de treize ans, atteint d'une maladie rare qui lui donne l'aspect d'un petit vieux, est acheté par le directeur de la cantine d'une prison.
Une jeune fille, encore lycéenne, est convaincue de la culpabilité de son père, gardien d'un réservoir d'eau, dans la disparition de sa mère.
Une ancienne forgeronne ranime son fourneau pour fabriquer une chaîne de fer qui attachera son fils à un arbre.
Ces trois vies parallèles se déroulent simultanément, dans un même lieu : l'étrangement nommée île de la Noblesse. Un décor gigantesque, digne d'un film de science-fiction, où affluent les déchets et matériels électriques de tout un pays, la Chine moderne, l'atelier du monde.
Ces trois histoires, aux images brutales et fulgurantes, s'imposent par leur force poétique et leur paradoxale liberté.

Avis 

On ne ressort pas indemne de cette lecture. Il s'agit de 3 courtes nouvelles et quelle panorama de la vie chinoise ! C'est amer, la misère suinte et rend impossible toutes espoir d'avenir. Les situations auxquelles sont confrontés ces hommes et ces femmes nous apparaissent comme ceux d'un autre âge. La réalité de ce quotidien est évoquée avec beaucoup de délicatesse par l'auteur mais avec une précision implacable.

J'ai trouvé la première "Ho Chi Minh" particulièrement poignante
: quelle cruauté de sacrifier cet enfant déjà particulièrement touché par le destin. Le poids de l'argent, du pouvoir, la corruption du système politique chinois permettent cet incroyable échange. La beauté du texte provient certainement de la légèreté, qui est instillée par la vision naïve et positive de l'enfant de son aventure : il espère un avenir, que sa différence lui permettra de s'extirper de sa misère. Et pourtant, il est utilisé comme un objet pour sauver un vieillard. Quelle ironie !
Les deux autres nouvelles "Le Bogart du réservoir d'eau" et " Le cuirassé qui passe à travers la montagne" sont un plaidoyer contre les conditions de travail désastreuses de beaucoup de chinois. L'exploitation des substances toxiques les conduit inexorablement à être atteint de démence. Les répercussions sont leur vies de familles sont désastreuses et particulièrement poignantes : le sacrifice d'une mère est magnifiquement évoqué par la comparaison entre le combat d'une maman pangolin et la mère du personnage principale. Le style est magnifique et étonnamment pleine de poésie malgré les histoires très dures. L'auteur malgré la dureté des conditions parvient à faire émerger et transfiguré l'amour d'une mère, d'un père, d'un frère, d'une épouse... C'est vraiment touchant. 

C'est un vrai coup de cœur et la découverte d'un auteur qui évoque avec beaucoup de délicatesse et poésie la détresse du petit peuple chinois.



 SIJIE Dai

 

La couleur des sentiments

STOCKETT Kathryn






Présentation



Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui ‘la élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.

Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Passionnant, drôle, émouvant, La couleur des sentiments a conquis l’Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d’exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

Avis 

A travers le regard de 3 femmes, c'est l'histoire d'une résistance, puis d'une révolte contre la ségrégation raciale aux Etats Unis du milieu du XXème siecle.  Tout d'abord, Aibeleen, bonne chez Mrs Leefolt ( jeune bourgeoise désargentée), est une femme de cinquante ans, qui a toujours servie les blancs. Elle a élevé leurs enfants et s’occupe à présent de la petite Mae, petite puce de deux ans, peu aimée par sa maman. Ravagée par la mort de son fils unique, elle est une figure appréciée de la communauté noire. 
Minnie, jeune maman de 30ans à la langue bien pendue, s'est fait renvoyée de Mrs Walters après un Accident Innommable avec une tarte; ce sera d'ailleurs un des fils conducteur de l'histoire (assez savoureux, il faut l'avouer). Mrs Walters, raciste convaincue et, est la "méchante" de l'histoire.
Enfin, Skeeter, jeune bourgeoise blanche, cherche un sens à sa vie. Un peu décalée dans cette société, elle rêve de s'affranchir d'une maman très possessive, qui rêve de la voir marier. Skeeter sera le déclencheur de cette révolte en voulant écrire un livre sur le quotidien des bonnes dans le Mississippi. Inconsciente au début des dangers de cette entreprise, elle trouvera le soutien de Aibeleen puis de Minnie. Ce sera le début d'une prise de conscience pour Skeeter et la dénouement pour Aibeleen et de Minnie de nombreux carcans et liens. 

Il est toujours difficile de poster une critique sur un livre qui est un grand succès. Je dois avouer que je ne suis pas déçue, même si j'ai eu du mal à accrocher sur les 50 premières pages, certainement due à l'appréhension que le livre ne réponde pas à mes attentes. Ensuite, je l'ai littéralement dévoré en 2 jours. 
Le thème de la ségrégation raciale est abordé de façon franche et directe : les lois et préjugés sont implacablement décrits dans les moindres détails. Je pense que nous ne pouvons imaginer le degré de frontière que ces règles imposaient. Mais si aujourd’hui la ségrégation est officiellement abolie, le mécanisme mental du racisme est bien le même à l'époque que maintenant. La violence faite aux Noirs est hallucinante : l'impunité des bourreaux permet de créer un climat de peur, qui annihile toute volonté de résistance.  

Ce qui est très contradictoire, c'est la proximité que les bonnes entretenaient au sein des foyers, et en même temps la division étanche entre ces deux mondes. Cette distinction est d'ailleurs bien entretenue par les deux parties : on voit bien la difficulté que Celia et Skeeter ont à entretenir des relations de façon "égalitaire". J'ai beaucoup aimé le rôle d'Aibeleen et celui de Constantine (nounou de Skeeter) auprès de enfants des familles qu'elles servent : comment est-ce possible que les enfants devenues grands reproduisent cette séparation alors qu'ils sont si proches petits de leurs nounous ? C'est touchant de voir l'impact sur Aibeleen qui les considèrent comme ses enfants mais aussi l'attachement de Skeeter pour sa nounou, qui a  remplacé une maman un peu distante.

Enfin, la place de la femme et son émancipation est aussi un thème majeur de ce roman . Que l'on soit blanche ou noire (encore bien plus), le carcan de la société permet peu aux femmes du Mississippi d'être indépendante; le mariage est la seule option raisonnable et correcte. Quelle futilité, quelle vacuité on peut ressentir dans la vie de ces femmes. Skeeter est le poil à gratter, qui permet de faire sauter le vernis de ces amitiés superficielles, et surtout de révéler la vraie personnalité de chacune.

 C'est magnifiquement écrit, avec beaucoup d'humour (bienvenu par ailleurs) : Minnie est particulièrement savoureuse avec son franc parler. Je regrette juste dans ce livre le happy end trés américain : la méchante est punie, chacun montre au final son bon côté et tout va bien pour les héroïnes. Je ne demandais pas une fin tragique mais peut être une fin un plus nuancée.




 STOCKETT Kathryn




1 commentaire:

  1. Quant au "testament" de David Servan-Schreiber, je n'arrive pas à accéder à ce type d'écrit. Mais je ne doute pas que ce soit un bijou d'amour.
    Merci pour ce partage!

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