Littérature jeunesse

Constance, fiancée de Mozart : Vienne 1781-1783

 DUQUESNOY Isabelle

 


Présentation de l'éditeur
Partage le journal intime de Constance, et vis avec elle ne histoire d'amour avec un musicien de génie.

«31 juillet 1781. La représentation terminée, je m'empresse de gagner ma chambre.
- Pas si vite, toi là-bas ! Nous avons deux mots à nous dire...
- Maman, je n'ai rien fait, je vous le jure ! Mozart peut bien se fiancer à Josepha, je n'ai rien fait contre son bonheur.
- Mais qui t'a dit qu'on t'accusait de ruiner le bonheur de ta sœur ? N'as-tu pas entendu ce que Mozart a chanté ? Tralala ! Constance par-ci ! Tralala ! Constance par-là ! Ne vois-tu pas ce que cela signifie ? Notre "Wolfgang est amoureux de toi !»

L'auteur
Isabelle Duquesnoy est née en 1960 à Paris. Elle est diplômée d'histoire de l'art. Passionnée par la vie de la femme du grand compositeur, elle a écrit Les confessions de Constance Mozart, deux volumes parus chez Pion en 2003 et 2005 (traduits en allemand, en polonais et en turc) qu'elle a eu envie d'adapter pour sa fille de douze ans. Isabelle Duquesnoy vit entre la Corse du Sud et la Normandie.

Avis

Tout d'abord, il faut vraiment reconnaitre que ce livre est joli : le feuilles sont épaisses et irrégulières sur les bords pour leur donner un côté très 18ème siècle. De plus, la sérigraphie et la présentation correspondent bien à un journal intime d'une jeune fille (petits dessins, petits cœurs,  ect...). Ceci n'est pas négligeable pour séduire les jeunes filles (10-13ans), qui sont les cibles privilégiées pour ce livre.

Ce livre, sous forme de journal intime, est le récit de Constance, jeune fille de 15 ans. Troisième des quatre filles, elle est le vilain petit canard de la famille, surtout depuis la mort de son père. Sa sœur aînée est une peste depuis qu'elle est une diva à l'Opéra. La seconde, Josépha, est gentille, mais ne pense qu'à manger. Constance trouve du réconfort auprès de sa jeune sœur, pour faire face à la méchanceté de sa mère (il faut bien le dire), qui ne pense qu'à l'argent et au moyen de les marier à un bon parti. Elles habitent Vienne et loue une chambre aux étudiants et aux musiciens nombreux à cette époque : c'est dans ces circonstances que le jeune Mozart rencontrera Constance.

Ce roman est construit de telle sorte que l'on suit 3 thèmes principales : la naissance de l'histoire d'amour de Constance avec le jeune prodige, la vie quotidienne et les mœurs autrichiennes au XVIIIème siècle à Vienne, le personnage de Mozart dans toute sa singularité. Pour le premier thème, c'est assez commun : la jeune fille en fleur est rongée par cet amour non réciproque au début et surtout devra se battre contre ses parents et le père de Mozart pour que leur union soit acceptée (véridique). Ce qui est très intéressant c'est la prégnance de l'autorité parentale même sur des adultes pour le choix du ou de la compagne : sans leur accord, pas de mariage possible. Ceci rejoint le second thème, la description de la vie quotidienne à Vienne. C'est vraiment très bien documenté, très vivant et concret : les notions d’hygiène sont relatives (on nettoie les vêtements une fois par an!!!), les mets et la nourriture sont très différents d’aujourd’hui,  l'existence d'un réel intérêt pour la mode et sa diffusion européenne, la place de la musique dans la vie quotidienne. Enfin, la vie de Mozart, son génie musicale et sa singularité sont évoqués mais de façon assez superficiel selon moi : beaucoup d'anecdotes sur sa vie d'enfant, une description assez fine de ses compositions et de son caractère, mais finalement peu de repères sur ses œuvres, pérégrinations européennes et ses relations avec les rois et hommes de pouvoir.

En conclusion, c'est un livre agréable à lire, qui renseigne très bien sur les conditions de vie des musiciens et des viennois au XVIIIème siècle. Le livre ne s'appuie que sur des faits historiques; j'ai beaucoup apprécié l'épilogue qui éclaire bien sur le parcours des différents personnages. Par contre, il est un peu trop superficiel pour s’intéresser réellement à l’œuvre et à la vie de Mozart. Le film Amadeus a le mérite de mettre en musique de façon spectaculaire la vie de ce génie.



DUQUESNOY Isabelle

Miss Charity

 MURAIL Marie Aude


 Présentation de l'éditeur
Charity est une fille. Une petite fille. Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d'échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde. Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l'église, à la rigueur. Les adultes qui l'entourent ne font pas attention à elle, ses petites sœurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d'ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l'espoir qu'un jour quelque chose va lui arriver...


 Avis

Ce livre est un véritable coup de coeur, une merveille. C'est le meilleur de Marie Aude Murail selon moi.

L'histoire se déroule sur prés de 20ans de l'enfance au mariage du personnage principale Miss Charity. La quatrième de couverture résume asse bien la petite enfance de Charity : enfant solitaire et originale, ce qui est une véritable tare au XIXème siècle, elle recherche auprès des animaux l'attention et l'amour, qui lui sont si peu données par les adultes. Elle est donc un animal un peu étrange pour le enfants de son âge, qu'elle côtoient. Pourtant, quelques adultes comme Mademoiselle et Herr Schmal vont aider cette enfant à grandir, à lui faire prendre confiance en elle en lui développant ses talents. Tout au long du roman, nous croiserons différents personnages, qui grandiront avec elle mais qui prendront des chemins diverses et variés. Jeune adulte, Miss Charity est une fille difficile à marier, mais trouvera le moyen de gagner son indépendance grâce à ses passions : les animaux et le dessin.

Tout d'abord, c'est le livre est magnifique : les illustrations de Philippe Dumas permettront aux plus jeunes de ne pas être rebutés par ce pavé (586 pages tout de même pour de la littérature enfantine). Les aquarelles sont sublimes et donnent une certaine légèreté au roman, qui traitent de nombreux sujets sérieux : la maladie, la mort, la folie, l'amour (son absence surtout), la place de la femme au XIXeme siècle et bien sûr l'amour.


L'auteur traite avec beaucoup de tact ces sujets et la narration à la première personne du récit permet de vraiment donner corps au ressenti et aux émotions de l'enfant. Il est beaucoup question des contraintes des femmes à cette époque : le mariage est le seule échappatoire convenable. Il n'est pas question d'avoir des intérêts (science, théâtre...) autres que la broderie et le chant, d'être indépendante financièrement, d'avoir un salaire. dans la bourgeoisie, l éducation doit leur permettre d'être mises sur le marché dés leur 15 ans; mais où est l'amour dans la chasse à la dot. Marie Aude Murail dresse un portrait implacable de la société anglaise, où l'apparence dicte les conduites et chasse ceux qui ne suivent pas ces règles.







 
Il est question aussi de littérature enfantine, et à travers elle du sens de l’éducation. J'ai beaucoup aimé l’évolution créatrice de Miss Charity, qui puisera son inspiration de ses petites bêtes et de son univers. C'est subtile, finement raconté.
Ce livre est extremement riche et beaucoup d'autres sujets sont évoqués (les comédiens, les asiles...). Cela peut paraître très dense, voire trop dense. Pourtant, la qualité d’écriture et l'humour donne à ce roman tout son pouvoir d'attraction.

Je le recommande aux plus jeunes comme aux adultes.

MURAIL Marie Aude





Cheval de guerre

Mickael Morpurgo




Résumé de l'éditeur
Joey, le cheval de ferme, devient cheval de guerre en 1914. il va alors vivre l'horreur des combats auprés des britanniques, des français, ou au côté des Allemands. Pour lui, les soldats, les paysans ou les vétérinaires ne sont pas des ennemis mais es hommes, chez qui il rencontre la bonté comme la méchanceté. Joey partage leur souffrances et leurs peurs et sait redonner l'espoir.

Grâce à Joey, decouvrez une très belle et bouleversante histoire d'humanité, racontée avec simplicité par un grand auteur de la jeunesse.

Avis
L'histoire de Joey est celle d'un cheval de ferme choyé,  qui devient cheval de guerre en France lors de le Première guerre mondiale. Anglais d'origine, il va côtoyé des soldats anglais, français et allemands, des paysans français et d'autres personnes encore....Il sera tout d'abord monture d'un noble cavalier, puis conducteur d'ambulance et enfin bête de trait pour les canons. Après de multiples rebondissements, il retrouvera son premier maitre et mènera une vie de cheval de ferme tranquille en Angleterre.
A travers son regard, on découvre le quotidien d'un cheval, lors d'un terrible conflit où l'horreur est quotidienne. Les conditions de vie sont inhumaines tout autant pour les humains, que pour ces animaux qui ne peuvent que subir leurs sorts. Tout au long de son aventure, Joey rencontrera du soutien, de l'amitié, de la compassion, de l'aide des hommes et de ses compagnons équidés, mais aussi l'indifference, la volonté de soumettre, une certaine déshumanisation.

Ce roman m'a beaucoup rappelé mes lectures d'enfance, un peu naïves où le courage permet de traverser toutes les épreuves. C'est pleins de bons sentiments, parfois mièvres. Mais, c'est une belle première découverte de la Première mondiale pour un enfant d'une petite dizaine d'année: cette guerre a été la confrontation entre un ancien monde, où la cavalerie était reine, avec une guerre, où la machine industrielle est devenue plus puissante et meurtrière. Cet aspect de la guerre 14-18 est vraiment bien reconstitué et expliqué. Les difficultés de conditions de vie des soldats et des habitants des lieux du conflits sont aussi bien décrits et restitués, d'une manière sobre.
Je reconnais que j'ai eu envie de lire ce livre, après avoir entendu parler de son adaptation par Steven Spielberg (que je n'ai pas vu par ailleurs, je ne suis donc pas déçu). Ce roman a connu un grand succès en Angleterre, ce qui confirme son intérêt pour les jeunes lecteurs. Le style est un peu trop simple pour moi, mais il a le mérite d'être accessible pour tous. Enfin cette version est agrémenté régulièrement d'illustrations sympathiques, ce qui est un autre élément facilitateur de lecture.


Mickael Morpurgo

Z comme Zincoff

SPINELLI Jerry

Présentation de l'éditeur
En classe, alors qu'il suffit de lever la main pour répondre à la maîtresse, Zinkoff saute si vite sur ses pieds qu'il renverse son bureau, lance les bras en l'air et braille en direction du plafond : " Hourraaaa !" Au foot, quand par hasard quelqu'un lui fait une passe, il tape la balle encore et encore, franchit les lignes du terrain et ne s'arrête qu'au parking. Dans la cour, lorsqu'un grand, exaspéré, l'attrape et lui tord le bras, il rigole même au milieu de ses propres larmes. Il est comme ça, Zinkoff, enthousiaste, maladroit, brouillon, trop lent ou trop rapide, et toujours tordu de rire. Les autres enfants s'en amusent et l'acceptent tel qu'il est. Pour l'instant.
Avis
Donald Zinkoff n'est pas un enfant comme les autres : c'est un enfant heureux (trés) de vivre, qui ne voit pas le mal et la duplicité autour de lui. On le suit de son entrée à l'école primaire à sa première année du collège. Durant toute sa scolarité, son caractère simple, sa gentillesse, sa maladresse et ses difficultés d'apprentissage en feront un écolier à part, pas vraiment intégré, rencontrant parfois (très peu) la compréhension des instituteurs. Les enfants ne le considèrent pas vraiment comme un des leurs, car ses différences l'exclut de leurs jeux et de leurs relations. Pourtant, il grandit, traverse son enfance avec bonheur, car Zincoff aime tout: l'école, son père facteur, la neige, le ballon, un morceau de chewing-gum, les cookies Glapiplap...Ce qu'il n'aime pas, s'est attendre, dormir et le noir de la cave. 
Le récit est vu à travers ses yeux bienveillants sur les gens et sa compréhensions des événements, ce qui atténue beaucoup la violence de certaines situations à l'école. Il rencontre un certains nombre de personnage comme Andrews, fils de banquier hautain, l'Homme qui Attend son frère disparu à la guerre depuis plus de trente ans , la dame au déambulateur, Claudia... Ses parents, et sa petite sœur sont pour lui un repère, un rempart rassurant aux expériences difficiles Ce sera pourtant sa gentillesse et son courage, qui lui permettront pourtant de grandir et d'obtenir une reconnaissance des autres enfants.
Le style est fluide, facile à lire pour des enfants à partir d'une dizaine d'année.
Sous son apparente simplicité, beaucoup de thèmes sont abordés. Tout d'abord, la vie à l'école avec ses codes, sa hiérarchie, qui permettent peu aux enfants atypiques de se développer sereinement. Les relations entre les enfants sont très bien décrits, ainsi que les événements marquants qui jalonnent une vie scolaire et construisent la vie des écoliers.
Ensuite, l'auteur sait parfaitement mettre en lumière le rôle des adultes : leurs capacités de compréhension et pédagogiques ont une grande influence sur les enfants de façon positive ou négative. L'amour indéfectible des parents de Zinkoff est poignant, car on voit bien qu'il est la pierre angulaire de l'équilibre et du bonheur de leur fils.
Enfin, c'est une merveilleux plaidoirie pour le droit à la différence : sous l'apparence en peu simplette de Donald Zincoff, existe de précieuses qualités qui sont la bonté, le dévouement, l'acceptation de l'autre dans son essence même sans préjugés, le bonheur d'exister et de découvrir....


Jerry Spinelli


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire