Les anonymes
Ellory R.J
Résumé de l'éditeur
« Un véritable aboutissement du genre. Des fanfares devraient saluer l’arrivée d’un thriller de cette ambition, de cette puissance et de cette maîtrise » The Guardian
Après Seul le silence et Vendetta, le nouveau chef-d’œuvre de R. J. Ellory.
Washington. Quatre meurtres. Quatre modes opératoires identiques. Tout laisse à penser qu’un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque classique pour l’inspecteur Miller. Jusqu’au moment où il découvre qu’une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente, et va conduire Miller jusqu’aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain.
Une fois encore, R. J. Ellory pousse à nouveau le thriller dans ses retranchements et lui donne une nouvelle dimension, loin de tous les stéréotypes du genre. Entre Robert Littell et James Ellroy, sur un arrière-plan historique qu’il serait criminel de divulguer ici, il mène une intrigue magistrale, jusqu’au cœur du système politique américain. Alliant un sens de la polémique à une tension digne des polars les plus captivants, l’auteur, servi par une écriture remarquable, invente le thriller du siècle nouveau.
Avis
Dans ce polar très dense, Ellory a su allier avec brio intrigue politique et intrigue policière.
Un policier Miller est un homme très marqué par une bavure qui l'a exposé à la fureur médiatique et par une rupture sentimentale. Soutenu par sa hiérarchie et son coéquipier Roth, Miller est de plus en plus solitaire et se réfugie dans son métier. Il se retrouve chargé d'une enquête du meurtre de 3 femmes par un tueur en série particulièrement sadique. le cours de l'enquête va se modifier, car les 2 enquêteurs découvrent de plus en plus d'incohérence sur les victimes : leurs identités aléatoires et l'absence de passé semblent diriger vers une protection de témoin. Pourtant, l'apparition de la femme d'un junkie, tué au cours d'une descente de police, va diriger l'enquête vers le trafic internationale de drogue. le meurtre de cette femme, après qu'elle ait été interrogée par Miller, va accélérer l'enquête et faire apparaître un professeur de philosophie très spécial. Celui-ci va volontairement diriger les recherches vers la corruption, le trafic de drogue, les secrets politiques et la politique internationale.
Remarquablement écrit, il y a peu de temps morts, même si certaines descriptions de la géopolitique internationales sont particulièrement complexes. Ce qui est très bien explorer, ce sont les mécanismes d'embrigadement et le basculement d'un homme vers la fureur meurtrière, pour des nobles raisons. On découvre tout au long du livre en parallèle la découverte progressive de la vérité par le l'enquêteur Miller mais aussi l'histoire de cet homme qui a tué au nom de l'empire américain. le tueur n'est pas dans cette histoire l'incarnation du Mal, mais plutôt ceux qui ont pris des décisions aux objectifs peu avouables. le héros principal, policier fragilisé et au bord de la rupture, amène beaucoup d'humanité et aussi d'espoir dans cette intrigue sombre et fataliste sur la politique et les organismes d'état. Un bon moment, qui demande beaucoup d'attention pour ne pas se perdre.
R.J
Ellory
Dark horse
Craig Johnson
Présentation de l'éditeur
L'affaire paraissait pourtant simple.
Wade Barsad, un homme au passé trouble, a enfermé les chevaux de sa
femme Mary dans une grange avant d'y mettre le feu. En retour,
celle-ci lui a tiré six balles dans la tête durant son sommeil.
Telle est du moins la version officielle. Mais le shérif Walt
Longmire ne croit pas à la confession de Mary. Persuadé de son
innocence, Walt décide de se rendre sur les lieux du crime. Il
débarque incognito à Absalom, la petite ville du comté voisin –
où il n'a pas juridiction– et se heurte très vite à l'hostilité
de la plupart des habitants. Mais Walt n'est pas là pour se faire
des amis, et il ne tardera pas à découvrir qu'une grande partie de
la population avait de bonnes raisons de vouloir la mort de
Wade.
Dark Horse est un polar tendu comme une corde. Craig Johnson entraîne son shérif dans une chevauchée palpitante à travers les paysages rudes et désolés du Wyoming sans jamais se départir de son humanité et de son humour habituel.
Dark Horse est un polar tendu comme une corde. Craig Johnson entraîne son shérif dans une chevauchée palpitante à travers les paysages rudes et désolés du Wyoming sans jamais se départir de son humanité et de son humour habituel.
Avis
Craig
Johnson est une vraie découverte pour moi. Dark horse est mon premier
roman de cet auteur car j'ai parfois beaucoup de mal avec les auteurs
dit à la mode. C'est original, trés bien écrit avec une intrigue
policière prenante.
Nous
découvrons donc Walt Longmire, enquêtant, sur le meurtre de Wald
Barsad, qui est personnage peu sympathique et peu apprécié de son
entourage. Le sherif Longmire, pétri d’humanité, ne croit pas à la
culpabilité de Mary, la femme de Wade. Cette femme brisée, est enfermée
actuellement dans la prison du shérif : elle aurait tué son mari car
celui ci aurait provoqué volontairement l'incendie, qui a tué les
chevaux de sa femme, véritable passion pour elle. C'est pour Wade un
retour à la terre de son enfance, un peu douloureux. Il rencontrera
nombre de personnages hauts en couleur, quoique taciturnes et deroulera
peu à peu les fils trés complexe de l'énigme, bien loin des premières
apparences.
Quelle
atmosphère !!! on est très rapidement immergé dans cette ambiance
sombre de la campagne profonde des États Unis : l'étranger est considéré
comme indésirable et les histoires des habitants sont des secrets à
protéger et à conserver. Arides dans l'expression de leurs sentiments, à
l'image la région, les habitants ont pourtant le sens de l'honneur et
de l'entraide. Ces personnages secondaires hauts en couleurs ont une
vraie personnalité.
Le
personnage de Walt Longmire n'a rien d'un John Wayne : bienveillant,
tourmenté par l'absence de sa fille, il ne peut que comprendre le
fonctionnement des habitants de Absolom, ayant lui même grandi dans
cette région. Son flair et sa patience lui permettront de découvrir la
vérité tout en mettant en danger sa propre vie. L'intrigue est
parfaitement construite et les indices distillés au goutte à goutte
donnent une réel dynamique du récit.
Craig johnson
Le predicateur
Läckberg Camilla
Présentation de l'éditeur
Dans les rochers proches de Fjällbacka,
le petit port touristique suédois dont il était question dans La
Princesse des glaces, on découvre le cadavre d'une femme. L'affaire
se complique quand apparaissent, plus profond an même endroit, deux
squelettes de femmes...
L'inspecteur Patrik Hedström est chargé de l'enquête en cette période estivale où l'incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d'Erica Falck, sa compagne.
Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Huit, dont le patriarche. Ephraïm. magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons. Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent.
Alors que Patrik assemble les morceaux du puzzle, on apprend que Jenny, une adolescente en vacances dans un camping, a disparu. La liste s'allonge...
Une nouvelle fois, Camilla Läckberg excelle à tisser son intrigue, manipulant son lecteur avec jubilation, entre informations finement distillées et plaisir de nous perdre en compagnie de ses personnages dans une atmosphère provinciale lourde de secrets.
L'inspecteur Patrik Hedström est chargé de l'enquête en cette période estivale où l'incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d'Erica Falck, sa compagne.
Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Huit, dont le patriarche. Ephraïm. magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons. Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent.
Alors que Patrik assemble les morceaux du puzzle, on apprend que Jenny, une adolescente en vacances dans un camping, a disparu. La liste s'allonge...
Une nouvelle fois, Camilla Läckberg excelle à tisser son intrigue, manipulant son lecteur avec jubilation, entre informations finement distillées et plaisir de nous perdre en compagnie de ses personnages dans une atmosphère provinciale lourde de secrets.
Avis
Ce livre est mon premier roman de Camille Lâckberg et j'avoue être un peu déçue.
Présentation de l'éditeur
Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de Tokyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots de vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il a de curieux pressentiments devant un paysage de chiffres et apprend aussi la poésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer.
Tokyo Express est un des plus célèbres japonais contemporains. C'est ce livre qui consacrera Matsumoto comme le meilleur écrivain de roman policier du Japon. Vendu à plusieurs millions d'exemplaires, il obtint un succès légendaire et sa réédition faisait de lui un des plus grands best stellers de l’après-guerre.
Avis
Le roman débute par la découverte de deux corps, certainement liée à un double suicide d'amoureux par empoisonnement sur une plage, dans le Kyushu. Le piquant de l'affaire est que l'homme était sous-chef de service d'un ministère et la femme, serveuse sans histoire dans un restaurant. Ce suicide est suspect car une affaire de corruption a éclaté un peu plus tôt dans le même ministère. L'inspecteur "local" Torigai, qui commence l'enquête, suspecte rapidement un certain Yasuda, dirigeant d'une société produisant du matériel pour machine vendu au gouvernement. Mais ce Yasuda a un alibi en béton : il se trouvait à l'autre bout du pays, auprès de sa femme maladive, et ne pouvait pas se trouver à temps sur les lieux du crime... s'il y a bien eu crime. Il fait donc appel au jeune commissaire Mihara, qui trouvera la solution après un grand parcours ferroviaire.
C'est un roman, qui se veut donc ancré dans le réel, où le moindre détail est épluché et analysé avec méticulosité par des policiers pas toujours rasés et pas bodybuildé. Les personnages sont nombreux, mais à la personnalité assez caricaturale: la femme maladive mais jalouse, l'amante amoureuse passionnément ect... On peut reconnaître une certaine ingéniosité dans l'intrigue même si elle n'est pas exceptionnelle (correcte, sans plus). Les enquêteurs ne sont pas spécialement brillants (le lecteur a parfois de l'avance sur eux) mais ils sont tout de même attachants par leurs normalités.
Alors comment expliquer ce succès énorme à son époque ? Ce roman marque une date dans le roman policier japonais, grâce à l'irruption de sujets sociaux : il est décrit une société, qui implose du fait de la confrontation parfois explosive entre le poids des traditions et les exigences du monde moderne. La corruption des instances dirigeantes sera aussi un thème privilégié par la littérature nippone.
L'intrigue
est assez bien construite avec une tension réelle puisqu'une course
contre la montre est engagée pour sauver la jeune Lenny d'une mort
atroce. L'enquête policière est bien ficelée avec des rebondissements,
une avancée non linéaire avec ses doutes, ses reculs, ses avancées et
ses espoirs. De plus, l'intrigue autour des relations familiales tendues
de la famille Hulm sont particulièrement bien rendues : les
rancœurs, les secrets et les non-dits peuvent déterminer le destin de
chacun des membres de la famille et c'est les accidents de la vie qui
vont permettre à cette famille de se reconstruire avec ses fêlures et
blessures. Le contexte dans la campagne nordique est bien rendue, avec le poids du regard de l'autre et les dégâts que peuvent provoquer la rumeur dans ce microcosme.
Ce qui m'a manqué c'est la densité du personnage principal: Patrik
Hedström. Il m'a semblé fade, mou, avec peu de personnalité; à
contrario les personnages secondaires comme Gôsta, Ernst ou Martin m'ont
semblé bien plus intéressants psychologiquement. Ils amènent de plus
cette petite touche d'humour assez sympathique. Sa femme Ericka m'a
semblé bien fragile (voire agaçante) et franchement je n'ai pas trouvé
que cette partie de la vie personnelle de l'inspecteur
Patrik Hedström apporte quelque chose à l'intrigue ou à la dimension du
personnage. Peut être le fait de ne pas avoir lu La princesse des
glaces nuisent à ma compréhension et à mon adhésion.
C'est bien écrit, agréable et facile à lire. Pourtant, je me suis ennuyé : ce n'est pas le rythme "scandinave" qui m'a dérangé mais une impression de superficialité. Dommage.
C'est bien écrit, agréable et facile à lire. Pourtant, je me suis ennuyé : ce n'est pas le rythme "scandinave" qui m'a dérangé mais une impression de superficialité. Dommage.
Tokyo express
MATSUMOTO Seicho
Présentation de l'éditeur
Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de Tokyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots de vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il a de curieux pressentiments devant un paysage de chiffres et apprend aussi la poésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer.
Tokyo Express est un des plus célèbres japonais contemporains. C'est ce livre qui consacrera Matsumoto comme le meilleur écrivain de roman policier du Japon. Vendu à plusieurs millions d'exemplaires, il obtint un succès légendaire et sa réédition faisait de lui un des plus grands best stellers de l’après-guerre.
Avis
Le roman débute par la découverte de deux corps, certainement liée à un double suicide d'amoureux par empoisonnement sur une plage, dans le Kyushu. Le piquant de l'affaire est que l'homme était sous-chef de service d'un ministère et la femme, serveuse sans histoire dans un restaurant. Ce suicide est suspect car une affaire de corruption a éclaté un peu plus tôt dans le même ministère. L'inspecteur "local" Torigai, qui commence l'enquête, suspecte rapidement un certain Yasuda, dirigeant d'une société produisant du matériel pour machine vendu au gouvernement. Mais ce Yasuda a un alibi en béton : il se trouvait à l'autre bout du pays, auprès de sa femme maladive, et ne pouvait pas se trouver à temps sur les lieux du crime... s'il y a bien eu crime. Il fait donc appel au jeune commissaire Mihara, qui trouvera la solution après un grand parcours ferroviaire.
C'est un roman, qui se veut donc ancré dans le réel, où le moindre détail est épluché et analysé avec méticulosité par des policiers pas toujours rasés et pas bodybuildé. Les personnages sont nombreux, mais à la personnalité assez caricaturale: la femme maladive mais jalouse, l'amante amoureuse passionnément ect... On peut reconnaître une certaine ingéniosité dans l'intrigue même si elle n'est pas exceptionnelle (correcte, sans plus). Les enquêteurs ne sont pas spécialement brillants (le lecteur a parfois de l'avance sur eux) mais ils sont tout de même attachants par leurs normalités.
Alors comment expliquer ce succès énorme à son époque ? Ce roman marque une date dans le roman policier japonais, grâce à l'irruption de sujets sociaux : il est décrit une société, qui implose du fait de la confrontation parfois explosive entre le poids des traditions et les exigences du monde moderne. La corruption des instances dirigeantes sera aussi un thème privilégié par la littérature nippone.
Matsumoto Seicho
Hara-kiri mon amour
NATSUKI Shizuki
Présentation de l'éditeur
On retrouve le propriétaire d'un terrain de golf assassiné et, justement, l'homme qu'il acculait à la faillite se promenait dans les environs, à l'heure du crime, quasiment en pleine nuit... Que penser? surtout, quand l'homme en question présente pour toute défense le plus abracadabrant des alibis : il a été attiré sur les lieux par le coup d téléphone d'une dame en détresse dont inl ne se rappelle même pas le nom...
Hasard malheureux, ce coup de téléphone? traquenard? Ou bien Kosuke Okita, paysagiste de talent a-t-il lui même planté le décor? en tout cas, pour lui, une sacrée partie à jouer.
Un grand roman de la Reine du crime japonaise, qui a obtenu le Pris du Roman d'Aventures en 1989 avec la Promesse de l'ombre.
Avis
Un propriétaire de golf, Mr Nasuno, est assassiné et très vite Kosuke Sano, entrepreneur paysagiste, est soupçonné, suite à une altercaltion violente ayant eu lieu quelques jours aparavant. En effet, Kosuke réclame depuis longtemps le paiement des aménagements effectués dans un nouveau golf appartenant à Mr Nasuno, sans quoi son entreprise fait faillite. Très vite, Kosuke Sano comprend qu'il est la cible d'une machination quand des affaires tachées de sang et un club de golf, arme utilisée pour le meurtre sont retrouvée dans son jardin. Je ne dévoilerais pas le reste de l'intrigue mais la fille du défunt et la femme de Kosuke auront un rôle essentiel dans le dénouement de cette histoire.
C'est un roman policier qui se lit très facilement, accrocheur par les multiples rebondissements qui ponctuent très régulièrement le récit. L'intrigue est originale, bien construite. Même si on devine assez facilement l'identité du tueur, le dénouement est révélé que très tardivement. La personnalité nuancée du personnage principal est bien décrite mais j'ai trouvé que les autres personnages, notamment féminins, étaient un peu caricaturaux.
Shizuko Natsuki est très appréciée au Japon, car elle étudie avec précision dans ses romans les ressorts et le fonctionnement de la société nippone : le monde du travail est souvent corrompu par l'argent et les yakusas, la cellule familiale souvent la source de nombreux drame. Dans ce roman, le poids des traditions familiales, si prégnant au Japon, est bien restitué dans ses contradictions. L'honneur de la famille doit être préservé même si c'est au prix de l''acceptation de conduites immorales : les maîtresses de maris volages sont acceptés dans la société nippone, alors que la rôle de la femme est encore traditionnellement de servir son mari et d'élever ses enfants. Il est étonnant de voir que dans ce roman, notamment, la violence conjugale semble "normale" dans les relations d'un couple. Autre société, autres mœurs....
NATSUKI Shizuko
La promesse de l'ombre
NATSUKI Shizuko
Résumé
De longues jambes gainées de soie, la pointe d'un escarpin gris... C'est tout ce que Daigo a pu apercevoir avant que l'orage ne plonge l'hôtel tout entier dans une obscurité totale. Troublante rencontre... Est-ce la voix chaude de l'inconnue qui le bouleverse à ce point? Ou peut-être son parfum entêtant? En tout cas, l'intimité des ténèbres encourage les confidences les plus extraordinaires. Et c'est ainsi que Daigo découvre que la même envie le lie à l'inconnue. Une envie de meurtre...
Avis
Ce roman, qui a reçu le Prix d'aventure en 1989, a été écrit par une reine du polar au Japon.
Ce n'est pas un roman d'action mais plutôt un roman psychologique et intimiste, à l'atmosphère trouble. Le début du récit, envoûtant et mysterieux, est particulièrement réussi. Tout commence par une rencontre fortuite en Franceentre deux ressortissants japonais , dans un manoir lors d'un orage violent. L'un est Kohei Daigo, chercheur, qui a découvert un produit alimentaire pour les enfants, mais dont les molécules lui semblent cancérigènes. Pour autant, sa hiérarchie représentée par un homme particulièrement hautain et méprisant, nie cette problématique : Daigo sait que son patron est de mèche avec les fabricants et que les résultats de laboratoire sont faussés. L'autre personne est une femme, Fumiko Samejima, qui commence à se confier à Daigo : elle veut qu’une certaine personne meure. Daigo, secrètement, souhaite que son patron meure aussi car il est hanté par l’image d’enfants mourants de cancer. Cette rencontre, troublante est rapide et tous deux reviennent à une vie normale. Imaginez la surprise de Daigo quand son patron est retrouvé assassiné de façon très mystérieuse. . Maintenant, il est confronté à un dilemme : est-il responsable de cette mort ? Est-ce à la femme mystérieuse, qu’il le doit ? Celle-ci souhaite-t-elle qu’il réponde à la seconde partie du contrat ? Daigo répondra à cet appel, non seulement pour retrouver cette femme, qui l’a envouté, mais aussi car la culpabilité le ronge.
L'intrigue est assez compliquée, parfois improbable, ce qui a diminué mon intérêt pour le livre. De plus, le dénouement m'a semblé prévisible. Par contre, les personnages, leurs psychologies, leurs sentiments sont très bien analysés et restitués : un profond sentiment de solitude affleure tout au long du roman, comme une gangrène de la société japonaise. Daiko tombera doucement dans la folie meurtrière : sa rencontre avec Fumiko sera pour lui un prétexte de faire le mal, sans en ressentir de culpabilité. Les thèmes abordés, la corruption et la prédominance des intérêts privés sur la santé publique, sont très actuel. C'est vraiment la qualité de l'écriture, plus que l'intérêt de l'intrigue, qui m'a enchantée.
L'homme Chauve souris
NESBO Jo
Présentation
Parce qu'une jeune Norvégienne a été sauvagement jetée d'une falaise à l'autre bout du monde en Australie, l'inspecteur Harry Hole de la police d'Oslo est envoyé sur place par une hiérarchie soucieuse de l'évincer. Ce qui n'aurait dû être que routine diplomatique va se transformer en traque impitoyable au fur et à mesure de meurtres féroces qu'Harry Hole refuse d'ignorer. Autre hémisphère, autres méthodes... Associé à un inspecteur aborigène étrange, bousculé par une culture neuve assise sur une terre ancestrale, Hole, en proie à ses propres démons, va plonger au cœur du bush millénaire. L'Australie, pays de démesure, véritable nation en devenir où les contradictions engendrent le fantastique comme l'indicible, lui apportera, jusqu'au chaos final, l'espoir et l'angoisse, l'amour et la mort : la pire des aventures.
Avis
Je me suis lancé à lire cet auteur suite aux avis très positifs sur Babelio. Il faut avouer l'originalité de l'intrigue : un policier norvégien doit enquêter sur le meurtre d'une de ses jeunes compatriotes à Sydney. Très vite, l’enquête se dirige vers la piste d'un tueur en série, qui préfère les blondes. Andrew Kensigton, le policier aborigène à la personnalité charismatique et surprenante, a demandé à accompagner Harry Hole sur cette enquête. Il fait découvrir à l’enquêteur norvégien des personnages plutôt atypiques : un jeune boxeur aborigène universitaire, un homosexuel travesti très assumé....Nombres des protagonistes sont liés au secteur de la drogue, très présent à Sydney. Dans cette ville très colorée, Harry Hole devra vaincre son démon, l'alcoolisme, et redécouvrira l'amour auprès de Brigitta. L'histoire devient de plus en plus sombre car nombre des personnages vont disparaitre tragiquement.
J'ai passé un bon moment de lecture mais ce n'est pas un vrai coup de cœur. Si le dénouement est surprenant, les rebondissements sont concentrés vers la fin du livre et j'ai trouvé l'intrigue policière assez poussive. L'histoire d'amour de Harry Hole prend beaucoup de place même si c'est un moyen de mieux comprendre la personnalité torturée de l'enqueteur. Ses allers retours sur son passé sont nombreux et ralentissent beaucoup le rythme. A contrario, les personnages secondaires, pourtant originaux et pleins de promesses, sont abordés de façon très superficielle. Cela est dommage car le dénouement manque, de ce fait, d'une vraie explication.
L'auteur a une réelle qualité d’écriture : les dialogues sont savoureux et l'ambiance cosmopolite de Syndey est bien restituée. C'est un vrai polar psychologique, à la manière nordique.
NESBO Jo
Rendez-vous au 10 Avril
SEVERAC Benoît
Présentation de l'éditeur
"Je ne vois personne dans les bâtiments qui m'entourent, aucune lumière, aucun signe de vie. L'odeur, loin de s'estomper, devient plus prégnante. Je m'apprête à ressortir du jardin botanique, quand je découvre, flanquée à une sorte de pigeonnier surmonté d'une tourelle, une cheminée qui crache sa fumée, plus épaisse que la nuit. La lumière rouge d'un foyer danse par moments, à travers les impostes de l'immense porte. Une silhouette sort de la grande salle, traverse le jardin sans me remarquer, et disparait sous le porche. Je m'approche et pousse le battant laissé entrouvert. Au sol des cadavres d'animaux gisent morts"
La Grande Guerre est achevée depuis trois ans déjà, et chacun reprend sa place comme il peut dans une société qui s'étourdit pour oublier. Pourtant, les douleurs et les blessures rejaillissent de façon bien étrange parfois. Toulouse des années vingt abrite dans ses flancs une Grande École, qui connaît ses propres codes, ses propres règles, qu'une mort inopinée vient perturber. Seul un homme, brisé par un passé qui le hante, ose l'affronter. Parviendra t il à briser la chape du silence et à faire éclater la vérité ?
Prix Mémoire d'Oc, 2009
Sélection officielle Prix du Polar de Cognac, 2009
Programmation Marathon des Mots de Toulouse, 2010
Après son premier roman "Les chevelues", Benoit Severac a remporté en 2008 Les grands prix littéraires de Toulouse et de la ville de Saint Lys, et en 2009 le Prix du Polar Calibre 47.
Il confirme avec ce nouvel opus sa force d'écriture, empreinte d'humanité, qui trouve ici un élan remarquable.
Avis
Ce récit à la première personne est celle d'un inspecteur, rescapé de la Première guerre mondiale, qui se retrouve à la tête de 2 meurtres à Toulouse. Ces deux événements, à priori sans aucun rapports, auront tout de même comme point commun l'Ecole vetérinaire de Toulouse. L'inspecteur est un homme détruit, alcoolique et toxicomane, qui ne trouve la paix qu’auprès de Lulu, jeune prostituée compatissante. Les gens qui l'entourent oscillent entre la compassion pour le vétéran de guerre, le dégout de ce qu'il est devenu et au final l'exaspération devant son comportement autodestructeur. La premier meurtre, maquillé en suicide, est celui d'un professeur de l'école vétérinaire peu apprécié par ses collègues et ses élèves, à la vie extrêmement solitaire. Pour trouver le meurtrier, l'inspecteur devra se confronter à la haute société toulousaine, à ses luttes d'influence, à la chape de plomb qui couvre les intérêts individuels. Ce sera même au final sa perte, quand il s'obstinera à fracasser ces liens et le système. Le second meurtre correspond plus à un fait divers : un huissier respectable est décédé à la maison d'une crise cardiaque. L'inspecteur découvrira en fait qu'il a été poignardé par l'amant de la bonne, que l'huissier tentait d'abuser. Le jeune meurtrier est élève à l'école vetérinaire et n'est pas inquiété par la veuve et sa famille qui souhaitent plus que tout se protéger du déshonneur.
C'est un vrai coup de cœur que je présente.
C'est
une véritable plongée dans l'enfer. C'est noir
comme le narrateur, suicidaire, qui tente de
noyer des souvenirs insupportables par toutes les drogues
possibles, qui a perdu tout équilibre psychologique, et toutes ses
illusions sur la nature humaine. Les retours sur les événements sont
particulièrement saisissants dans leur horreurs et dans le ressenti des
soldats piégés dans ces bourbiers. L'impact et la destruction psychologique sont présentés crûment dans toute sa violence et ses conséquences.
C'est extrêmement noir et violent par l’évocation des séquelles de la guerre dans toute la
société française de l’après-guerre. Chez les survivants fracassés, chez les autres, qui
font preuve d’autant plus de patriotisme agressif et primaire et qui ne peuvent se représenter ce qu’on vécu les poilus.
L'auteur décrit
implacablement et sans complaisance l’hypocrisie et l’injustice de la
bourgeoisie toulousaine, qui écrase les pauvres et
protège, à tout prix ses secrets, même les
plus inavouables.
L'intrigue est subtile et
on oscille avec efficacité entre ces 2 enquêtes au points communs de
plus en plus nombreux. Elle ne fait aucune concession et va au
bout de sa logique, sans pitié pour les personnages, ni pour le lecteur.
c'est magnifiquement écrit.
C'est un très bon roman, je recommande vraiment.
Exceptionnellement, je cite un extrait :
" Et moi? qu'est ce que je fais là, terré comme une créature des ténèbres, un rat, un vulgaire lombric ? j'ai des jambes et un fusil, je devrais être la bas, avec eux. J'ai fui. J'ai refuse de faire à ça. J'ai abandonné mes camarades, mes amis, mes frères d'armes.
Ils ont disparu et pas moi.
Un vulgaire lombric. Je me suis souillé. Je le sens, c'est tout froid. Mais je ne peux pas me lever. Je vais rester là et attendre, même si je sais que rien ne viendra.
Mon âme est morte. ça aussi je le sens, c'est tout froid dans ma tête.
Je vais demeuré ici, comme le papillon accroché à ce bout de barbelé. Je vais muer et mon âme rester ici. Elle se figera et finira par se dessécher.
C'est aujourd'hui que je suis mort."
SEVERAC Benoît
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