dimanche 9 septembre 2012

La tombe des lucioles

NOSAKA Akiyuki

 

Présentation de l'éditeur
C'est avec ces deux récits admirables et particulièrement boulversants, couronnés en 1968 par le prix Naoki, l'une des plus hautes distinctions littéraires, que nosaka conquit la notorièté. Peu de tempsaupravant, Mishima avait applaudi à son premier roman, Les Pornographes, roman scélérat enjoué comme un ciel de midi dans un dépottoir.
La Tombe des lucioles, visionnaire et poignant : l'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage et que la faim tue. Voic une prose étonnante, ample, longue, proustienne dans le sens qu'elle réussit à concentrer en une seule phrasa des couleurs, odeurs et dialogues, mais prose trés violente, secouée de mots d'argots, d'expressions crues, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle, d'images quasi insoutenables-prose parcourue d'éclairs .(Diane de Marguerie)
Nosaka, c'est encore l'écriture luxuriante d'un des meilleurs écrivains de sa génération, à l'égal d'Ôe Kenzaburô, Abe Kôbô et Mishima Yukio.

Avis
 
La tombe des lucioles » est un roman quasi autobiographique, qui nous fait vivre le terrible bombardement que connut Kobe en 1945. Deux enfants, Seita ( un jeune garçon de 14 ans) et sa petite sœur Setsuko, se retrouvent complètement perdus dans une ville dévastée par la guerre, après la mort de leur mère brûlée vive. Seita doit prendre la responsabilité de subvenir aux besoins de sa très jeune sœur, mais ce nouveau monde répond aux lois des plus forts. Seita tentera, outre de la protéger et de la nourrir, de conserver un monde de jeux et de tendresse pour Setsuko. Ce récit connait une fin tragique, comme pour beaucoup d'enfants perdus de la guerre.
Ce qui est marquant dans cet œuvre c'est l'utilisation du langage du peuple, de l'argot. Et c’est ce qui rend ce roman un tant soit peu soutenable et humain. De plus, le choix de Nosaka de présenter l'errance de deux enfants est du à sa propre experience, peu éloignée de ses personnages. Jamais il ne pourra oublier et pardonner ce qu’il a vu du côté ennemi mais aussi, il condamne aussi le nationalisme japonais, qui est devenu selon lui une aberration.
La grande force de ce livre est de faire se côtoyer dans un même récit l’horreur humaine et l’infinie tendresse que porte Seita pour sa sœur. Même dans les pires moments de son existence, l’être humain, qu’il soit adulte ou enfant, est capable trouver une solution, une lueur d'espoir. Ce sont d'ailleurs la lunière des lucioles, qui symbolise l'espoir dans cette horreur.
Outre l'argot, Nosaka utilise de longue phrases, qui peuvent être déconcertantes. C'est violent, mais en même temps terriblement poétique. Doux comme l'enfance mais amer comme la guerre, ce livre est une ode à l'amour entre frère et sœurs. Je n'ai jamais pu voir l'adaptation cinématographique ( Le tombeau des lucioles » pour le film d’animation réalisé en 1988 par TAKAHATA Isao) car trop sombre, mais j'ai été totalement happé par ce roman.

Le livre se compose d'une deuxième histoire "L'algue des Amériques", beaucoup moins touchante que La tombe des lucioles et d'un style bien plus léger. Traditionnellement, ces deux nouvelles sont présentées ensembles. Dans les années 60. Kyoko, la femme de Toshio, publicitaire japonais, était partie en vacance l'année précédente à Hawaï avec leur jeune fils et elle en a gardé un goût certain pour l'Amerique. Ils avaient fait la connaissance d'un couple d'américains, les Higgins, qui souhaite aujourd’hui faire le tour du monde et faire escale au Japon. Kyoko se propose de les héberger durant leur escale japonais, ce qui ne ravit pas du tout Toshio, qui a gardé des américains, une images des soldats qui ont débarqué en 1945. Il fait donc preuve d'un anti-américanisme primaire, qui va se trouver ébranlée dés l'arrivée des Higgins. Parlant trés bien japonais, Toshio décide de satisfaire au mieux  son hôte. Mais la cohabitation des deux couples va être plus difficile que prévue...
Une grande partie de la nouvelle  est centré sur les souvenirs et les impressions de Toshio, sur l'époque du débarquement des américains, ce qui donne une bonne représentation du contexte de l’après-guerre. La nouvelle est légère, plutôt comique voire burlesque.

2 commentaires:

  1. Je n'accroche pas sur la période de la seconde guerre. C'est bête c'est quasi instinctif et rédhibitoire...pourtant ce n'est pas faute d'avoir été titillé par ce livre et le film, mais je n'ai pas succombé...
    Merci pour le partage!

    RépondreSupprimer
  2. C'est en effet une littérature que je qualifierais de viscérale : on aime beaucoup ou pas du tout! pas de juste milieu !!

    RépondreSupprimer