dimanche 9 septembre 2012

Le goût des orties

TANIZAKI Junchiro



Présentation de l'éditeur

Le personnage central de ce roman écrit en 1928 est un Japonais occidentalisé, déraciné, ayant rompu avec la tradition culturelle et religieuse de son pays.
Kaname est foncièrement agnostique, préoccupé seulement de quelques problèmes d'éthique. A sa femme Misako, qui a pris un amant Aso, il préfère Louise la belle Eurasienne, prostituée de son état. Le beau-père de Kaname, vieillard esthète, amateur de bunraku, théâtre de marionnettes dont la tradition s'est peu à peu perdue, comprend que l'échec de ses enfants est dû à l'effondrement de la vie traditionnelle japonaise, sous l'influence de l'Occident. Au Japon, l'Europe et les Etats-Unis n'ont donné que des Louise, le jazz, les chasses d'eau, l'éclairage brutal auquel le vieillard oppose la pénombre dans laquelle baigne la vraie tradition nippone. Kaname, initié par son beau-père, retrouve la tradition avec l'aide d'O-hisa l'éternel féminin descendu de quelque estampe, et à travers le théâtre de marionnettes d'Osaka, la Chicago nippone, mais qui a gardé quelques aspects de son folklore ancestral. A la fin du roman, nous devinons que Kaname, tiraillé entre le passé et l'avenir opte pour le pas

Avis

Kaname et Misako forme un couple désuni : ils vivent dans la même maison mais n'ont plus de relations intimes (se sont-ils jamais vraiment aimé?). Aucun des deux ne sait comment annoncer la situation à leur fils, et il sera difficile de faire face à l'opinion publique sur leur divorce (le roman a été écrit en 1924). Ils ont donc décidé de prendre le temps de la rupture, mais il est de plus en plus difficile de faire semblant. Misako a un amant Aso et semble décider aujourd'hui à officialiser son union (quoique incertaine) avec lui. Kaname, japonais traditionnel, a une maîtresse occasionnelle et professionnelle, Louise, une jolie eurasienne.

Le récit décrit la découverte par Kaname du Bunraku, théâtre de marionnettes traditionnel d’Osaka, peu reconnu aujourd'hui grâce à son beau-père. Kaname fera même un voyage de plusieurs jours avec lui et sa compagne sur une île pour suivre un festival reconnu. Le vieil homme a une nouvelle maîtresse O-hisa, toute jeune femme qui s'initie aux arts et coutumes d'une geisha traditionnelle. Auprès de son beau père, Kaname sera confronté à ses propres contradictions et réflexions sur l'émergence des cultures européenne et américaine (jazz, savoir vivre....) dans un Japon à l'esprit encore très traditionnel. Même la venue d'un cousin, ayant lui-même divorcé, ne saura lui faire prendre initiative de la rupture. Ce sera ce cousin, qui annoncera officiellement la situation à leur fils, perturbé par les non-dits.

C'est un roman autobiographique car Junichiro Tanizaki divorcera et cédera sa femme à un ami; de plus il s'est beaucoup interrogé sur la coexistence des deux cultures dans le Japon du début du siècle. Ce n'est mon roman préferé de Tanizaki car l'absence totale d'action et de rebondissement est pesante. C'est une longue introspection, qui ne sera même pas conclue par un dénouement clair. J'ai par contre beaucoup apprécié la description du quotidien japonais, du Bunraku et la réflexion sur le choc des cultures.



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