vendredi 14 septembre 2012

Miso soup

MURAKAMI Ryû


Présentation de l'éditeur
Kenji, un jeune Japonais de vingt ans, gagne sa vie en guidant des touristes dans le célèbre quartier louche de Kabukichô, à Tôkyô. C'est en compagnie de Frank, un client américain, qu'il parcourt durant trois nuits les lieux de plaisir de Shinjuku : trois nuits de terreur auprès d'un meurtrier inquiétant avec qui il joue au chat et à la souris. Ce roman court et percutant laisse une sorte d'amertume, un goût métallique pareil à celui du sang qui imprègne ces pages minutieuses décrivant - comme l'auteur l'avait magistralement fait dans son roman Les Bébés de la consigne automatique - l'agonie d'un monde sans âme et voué à la solitude. " La littérature, nous dit Murakami, consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots... En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. "

Avis
Le quartier de Kabukichô, à Tokyo est le quartier des clubs de rencontre, de peep shows, de "lingerie pubs" et autres endroits dédués au sexe sous toutes les perversions possibles. Kenji, jeune homme de vingt ans, qui gagne sa vie en guidant les touristes dans ce quartier, va connaitre 3 jours et nuits en enfer. Franck, l'Américain, a besoin d'un guide pour quelques jours, mais la personnalité de celui-ci résonne en Kenji comme un danger. Il ne se douta pas à quel point cet homme différent est dangereux. Je ne peux dévoiler le reste de l'histoire, sans en diminuer l’intérêt mais je peux dire que la tension monte d'un cran à chaque page.
Encore une fois, Ryû Murakami décrit implacablement les dérives de la société japonaise. Il existe une forte pression sociétale (études, travail...), qui laisse les plus faibles ou fragiles dans une grande précarité. Pour cela, chacun va au delà des limites du tolérable pour s'en sortir. C'est cette déchéance que décrit l'auteur : jusqu'où doit on supporter l’intolérable? existe-t-il même une limite à l'horreur ? comment conserver une certaine estime de soi lorsque l'on cotoît le malheur, la perversion, la débauche ?
De plus, Murakami Ryù crée un tueur en série particulièrement redoutable, froid, calculateur et étrange. C'est ce caractère fantastique qui rend, par ailleurs, tolérable les scènes de massacre, de plus en plus réelles, précises. L'emprise psychologique du tueur sur le jeune homme est aussi finement restituée : on ressent l'emprise progressive, comme les tentacules d'un insecte malfaisant, de Franck sur le jeune Kenji. On ressent presque physiquement le malaise qui se transforme en crainte, puis en peur et enfin en terreur. C'est une lecture qui ne peut laisser insensible : un certain malaise s'en dégage, comme beaucoup des écrits de Murakami. Sa volonté de choquer est volontaire, mais le lecteur peut ne pas apprécier la violence et la désespérance, qui s'en dégage.

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