dimanche 14 octobre 2012

Assez parlé d'amour

Hervé le Tellier



Présentation de l'éditeur

 ''La planète connut cette année-là son automne le plus chaud depuis cinq siècles. Mais de la clémence providentielle du climat qui joua peut-être son rôle, il ne sera plus question. Ce récit couvre l'espace de trois mois et même un peu plus. Que celle - ou celui - qui ne veut pas - ou plus - entendre parler d'amour repose ce livre.''

Ainsi commence Assez parlé d'amour. Anna et Louise pourraient être soeurs, mais ne se connaissent pas. Elles sont mariées, mères, heureuses. Presque le même jour, Anna la psychiatre va croiser la route de Yves, l'écrivain, Louise l'avocate croise celle de l'analyste d'Anna, Thomas. A quarante ans, à ce tournant d'une vie qui ne comporte pourtant que cela, la foudre est encore permise, mais quand on a cru - à tort - que le destin était à jamais écrit, le désir et la liberté se payent cher et comptant.

Hervé Le Tellier, en horloger délicat, trace la parabole de leurs trajectoires. Amoureux de ses personnages, il dessine une galerie de portraits tendres et sans pitié de femmes, d'amants et de maris.

Avis


Le mot qui me permet de qualifier ce roman est lumineux. Le thème, pourtant maintes fois traité, est ici un croisement harmonieux et subtile entre les personnage. J'ai découvert que la construction du roman a été faite selon les contraintes de Oulipiens. L'Ouvroir de Littérature Potentielle, Oulipo, a été fondé le 24 novembre 1960 par une groupe d"écrivains, de mathématiciens et peintres tels que Raymond Queneau, François Le Lionnais, Italo Calvino, Jean Queval ou Claude Berge. Le but de l'organisation était d'inventer une nouvelle écriture romanesque et poétique en intégrant des contraintes scientifiques à la littérature. Dans le cas présent, il s'agit de la base d’une partie de dominos, de dominos abkhazes.  Dans la règle des dominos abkhazes, fait rare, il est possible de reprendre un domino déjà posé. Dans ce roman, un double posé donnera naissance à un chapitre à un seul personnage, un simple à un chapitre à deux personnages, exceptionnellement trois si l'un des personnages n'agit ni ne parle. Le double zéro est un cas intéressant : il créera un chapitre avec deux personnages secondaires, ou un seul. On peut donc voir que la construction du roman est très cadrée et pourtant quelle harmonie se dégage de ce roman.

Nous rencontrons donc 6 personnes, dont 2 couples et 2 amants, dont l'histoire d'amour adultère est décrite de l’émergence des sentiments au dénouement final. Ces histoires d'amour adultères seront un révélateur pour ces hommes et ces femmes : les femmes devront faire un bilan de leur vie car leur choix déterminera la suite de leur existence. Il est difficile d'en dire plus sans révéler la subtilité du roman.
C'est remarquablement écrit, avec finesse mais aussi beaucoup d'humour (surtout les propos du psychiatre). Je reprends le terme d'une critique qui dit que Hervé Le Tellier est un fin horloger : la succession des 60 chapitres, plus ou moins longs, avec les croisements perpétuels des personnages, est pourtant remarquablement fluide. Les sentiments sont délicatement exprimés et avec une certaine élégance.
Une vraie découverte de délicatesse.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire