samedi 30 mars 2013

Trois vies chinoises

SIJIE DAI

 

 

Présentation de l'éditeur

Un gamin de treize ans, atteint d'une maladie rare qui lui donne l'aspect d'un petit vieux, est acheté par le directeur de la cantine d'une prison.
Une jeune fille, encore lycéenne, est convaincue de la culpabilité de son père, gardien d'un réservoir d'eau, dans la disparition de sa mère.
Une ancienne forgeronne ranime son fourneau pour fabriquer une chaîne de fer qui attachera son fils à un arbre.
Ces trois vies parallèles se déroulent simultanément, dans un même lieu : l'étrangement nommée île de la Noblesse. Un décor gigantesque, digne d'un film de science-fiction, où affluent les déchets et matériels électriques de tout un pays, la Chine moderne, l'atelier du monde.
Ces trois histoires, aux images brutales et fulgurantes, s'imposent par leur force poétique et leur paradoxale liberté.

Avis 

On ne ressort pas indemne de cette lecture. Il s'agit de 3 courtes nouvelles et quelle panorama de la vie chinoise ! C'est amer, la misère suinte et rend impossible toutes espoir d'avenir. Les situations auxquelles sont confrontés ces hommes et ces femmes nous apparaissent comme ceux d'un autre âge. La réalité de ce quotidien est évoquée avec beaucoup de délicatesse par l'auteur mais avec une précision implacable.

J'ai trouvé la première "Ho Chi Minh" particulièrement poignante
: quelle cruauté de sacrifier cet enfant déjà particulièrement touché par le destin. Le poids de l'argent, du pouvoir, la corruption du système politique chinois permettent cet incroyable échange. La beauté du texte provient certainement de la légèreté, qui est instillée par la vision naïve et positive de l'enfant de son aventure : il espère un avenir, que sa différence lui permettra de s'extirper de sa misère. Et pourtant, il est utilisé comme un objet pour sauver un vieillard. Quelle ironie !
Les deux autres nouvelles "Le Bogart du réservoir d'eau" et " Le cuirassé qui passe à travers la montagne" sont un plaidoyer contre les conditions de travail désastreuses de beaucoup de chinois. L'exploitation des substances toxiques les conduit inexorablement à être atteint de démence. Les répercussions sont leur vies de familles sont désastreuses et particulièrement poignantes : le sacrifice d'une mère est magnifiquement évoqué par la comparaison entre le combat d'une maman pangolin et la mère du personnage principale. Le style est magnifique et étonnamment pleine de poésie malgré les histoires très dures. L'auteur malgré la dureté des conditions parvient à faire émerger et transfiguré l'amour d'une mère, d'un père, d'un frère, d'une épouse... C'est vraiment touchant. 

C'est un vrai coup de cœur et la découverte d'un auteur qui évoque avec beaucoup de délicatesse et poésie la détresse du petit peuple chinois.

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