lundi 3 septembre 2012

Bleu comme transparent

MURUKAMI Ryû


Résumé de l'éditeur
Bleu presque transparent relate, en une succession de courts chapitres, quelques journées dans la vie d'un groupe d'adolescents. Journées ou plutôt nuits vides d'espoir d'une " génération perdue " et désillusionnée qui s'abîme dans la destruction. Sexe, drogue, musique, violence... le tableau serait d'une banale désespérance s'il n'y avait ce mélange de distance quasi clinique et d'infinie générosité dans le regard porté sur les personnages. Dans Tôkyô oppressante et triste, Ryû, Kei, Okinawa payent, dans leur corps qu'ils ruinent avec constance, l'absence d'âme d'une société. Et leur déchéance possède la couleur du bleu presque transparent de la pureté.

Avis
Une claque!!!! Déroutant devant tant de désespoir et de violence, décrit de l'intérieur par un junkie, appelé Ryû. Sans espoir, le lecteur attend la prochaine catastrophe, la violence qui transparaît à chaque page, ou désespoir plus profond encore. Terrible mais superbement écrit!!!!
On suit le parcours de Ryû, jeune junkie de 22ans, qui alterne les séances de défonces et de sexe débridé, avec Lili, sa compagne, et ses partenaires de galère. Ce qui peut choquer, c'est la crudité des scènes de sexe et la description très appuyée de la violence associée. Pourtant, derrière cette façade, transparait l'amour du jeune homme pour Lili, qu'il tente malgré tout de protéger. Ces jeunes gens crucifiés par la société modernes ne peuvent que répondre à leurs besoins primaires qui sont se nourrir (parfois), boire (que de l'alcool), se soulager (n'importe où fait l'affaire), dormir (idem que pour se soulager) et avoir des rapports sexuels (hetéros ou homos en fonction de l'état de défonce). Seul l'amour et l'attachement entre ces êtres abimés leur permet de conserver une part d'humanité en alternance avec ses périodes de déchéances de plus en plus profondes.

Vous allez me dire, quel est l’intérêt de ce roman, sinon un besoin morbide de voyeurisme ? J'ai ressenti  immédiatement les mêmes sensations du film Transpotting de Danny Boyle (1996) : c'est une sensation d'être bousculé, de voir tous ses repères d'une humanité cohérente explosée, d'être évidemment touché par le profond désespoir de ces jeunes gens, d'être confronté directement par cette réalité crue et cruelle de millions de personnes, que l'on souhaite oublier ou nier la plupart du temps. Ce livre a reçu le prix Akutagawa en 1976 (le Goncourt japonais). Le roman devient un immense succès commercial et Murakami, lui-même, en fait un film en 1978.
L'écho qu'a eu cette œuvre mérite qu'on s'y attarde et surtout que l'on réponde à la volonté de l'auteur, que l'on s'interroge sur ce que la société peut offrir à cette jeunesse.

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