INOUE Yasushi
Présentation de l'éditeur
Le fusil de chasse raconte l'histoire d'une liaison entre un homme marié, Josuké, et une jeune femme divorcée, mère d'une grande fille. Trois lettres, trois récits à la première personne forment les trois faisceaux du drame. Il y a une lettre de la jeune fille qui expose à Josuké qu'elle a lu le journal de sa mère et qu'elle sait comment et pourquoi sa mère est morte. Il y a la lettre de la femme légitime qui explique pourquoi elle ne le reverra plus. Il y a la lettre de la maîtresse écrite avant son suicide.
Au centre, omniprésent, l'homme solitaire avec son fusil de chasse. De lettre en lettre, le lecteur découvre les différents aspects de cette tragédie. C'est tout à la fois brûlant et glacé, et d'une intensité qui justifie la brièveté de ce surprenant roman.
Yasushi Inoué, né en 1907, est un des plus célèbres romanciers japonais d'aujourd'hui. Il a reçu, en 1950, le prix Akutagawa, la plus prestigieuse récompense littéraire du japon, pour Le fusil de chasse.
Son grand roman historique Les chemins du désert, à propos duquel on l'a comparé à Julien Gracq et à Dino Buzzati est également publié chez Stock comme, plus récemment, Histoire de ma mère.
Mon avis
S'attaquer à un roman considéré
comme un chef d'œuvre est toujours un peu angoissant : sera -t-il à
la hauteur de mes espérances ? Je peux dire en tout état de cause
qu'il est surprenant.
Surprenant tout d'abord sur la forme.
Ce roman est très court : 92 pages, ce qui est assez peu commun.
Pourtant, lorsque l'on finit la dernière page, le récit laisse un
empreinte dans notre esprit : on est touché par l'atmosphère qui
affleure dans ces lettres, sur ces amours contrariés, sur la
profondeur et la violence des sentiments, sur la destruction
progressive de ces femmes.
Surprenant dans sa construction
originale : trois lettres sont précédées par une introduction (non
nommée d'ailleurs), qui donne beaucoup de clés sur les trois récits
épistolaires. Chacune de ces lettres décrivent la même histoire
mais selon le regard de 3 femmes : la fille de l'amante, la femme
trompée et enfin l'amante. Le mari volage apparaît en filigrane et
on ne peut que deviner son ressenti devant cette histoire qu'au tout
début du roman. L'auteur a réussi un vrai tour de force en
transformant en si peu de pages une simple histoire de couple volage
en un déferlements de sentiments et réactions passionnels.
Surprenant enfin par la complexité et
la profondeurs des sentiments qui sont exprimés à travers ces trois
lettres. La lettre de la fille de Shoko permet de contextualiser le
drame: Shoko, femme divorcée, est l'amante de Josuké durant
plusieurs années. Elle connait très bien son épouse Midori et la
fréquente très régulièrement. Shoko est hanté par la culpabilité
de tromper Midori, qui ne se doute de rien, malgré son amour profond
et sincère de Josuké. Elle se suicidera pour fuir cette honte. La
fille Shoko exprime beaucoup de colère et aussi de surprise devant
la découverte de cette liaison.
Dans la seconde lettre, Midori, pas si
naïve que ça, exprime sa haine envers Shoko. Même si son amour de
Josuké n'est plus aussi passionnel, elle ne lui pardonne pas de
détruire son couple. Elle quittera d'ailleurs au final son mari,
même après la mort de Shoko.
Enfin, La dernière lettre est celle de
Shoko : le récit est puissant car le tiraillement de cette femme
entre son amour et la honte de devoir le vivre ainsi est
magnifiquement exprimé. On ressent tout le dégout qu'elle se porte,
sa compassion envers Midori, son amour inconditionnel de Josuké.
C'est un roman que j'ai lu deux fois,
ayant besoin de le relire pour en comprendre toutes les subtilités
et tous les détails, qui explicitent un peu plus l'intrigue.
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