mercredi 19 septembre 2012

Le fusil de chasse

INOUE Yasushi


Présentation de l'éditeur
Le fusil de chasse raconte l'histoire d'une liaison entre un homme marié, Josuké, et une jeune femme divorcée, mère d'une grande fille. Trois lettres, trois récits à la première personne forment les trois faisceaux du drame. Il y a une lettre de la jeune fille qui expose à Josuké qu'elle a lu le journal de sa mère et qu'elle sait comment et pourquoi sa mère est morte. Il y a la lettre de la femme légitime qui explique pourquoi elle ne le reverra plus. Il y a la lettre de la maîtresse écrite avant son suicide.
Au centre, omniprésent, l'homme solitaire avec son fusil de chasse. De lettre en lettre, le lecteur découvre les différents aspects de cette tragédie. C'est tout à la fois brûlant et glacé, et d'une intensité qui justifie la brièveté de ce surprenant roman.

Yasushi Inoué, né en 1907, est un des plus célèbres romanciers japonais d'aujourd'hui. Il a reçu, en 1950, le prix Akutagawa, la plus prestigieuse récompense littéraire du japon, pour Le fusil de chasse.

Son grand roman historique Les chemins du désert, à propos duquel on l'a comparé à Julien Gracq et à Dino Buzzati est également publié chez Stock comme, plus récemment, Histoire de ma mère.

Mon avis

S'attaquer à un roman considéré comme un chef d'œuvre est toujours un peu angoissant : sera -t-il à la hauteur de mes espérances ? Je peux dire en tout état de cause qu'il est surprenant.

Surprenant tout d'abord sur la forme. Ce roman est très court : 92 pages, ce qui est assez peu commun. Pourtant, lorsque l'on finit la dernière page, le récit laisse un empreinte dans notre esprit : on est touché par l'atmosphère qui affleure dans ces lettres, sur ces amours contrariés, sur la profondeur et la violence des sentiments, sur la destruction progressive de ces femmes.

Surprenant dans sa construction originale : trois lettres sont précédées par une introduction (non nommée d'ailleurs), qui donne beaucoup de clés sur les trois récits épistolaires. Chacune de ces lettres décrivent la même histoire mais selon le regard de 3 femmes : la fille de l'amante, la femme trompée et enfin l'amante. Le mari volage apparaît en filigrane et on ne peut que deviner son ressenti devant cette histoire qu'au tout début du roman. L'auteur a réussi un vrai tour de force en transformant en si peu de pages une simple histoire de couple volage en un déferlements de sentiments et réactions passionnels.

Surprenant enfin par la complexité et la profondeurs des sentiments qui sont exprimés à travers ces trois lettres. La lettre de la fille de Shoko permet de contextualiser le drame: Shoko, femme divorcée, est l'amante de Josuké durant plusieurs années. Elle connait très bien son épouse Midori et la fréquente très régulièrement. Shoko est hanté par la culpabilité de tromper Midori, qui ne se doute de rien, malgré son amour profond et sincère de Josuké. Elle se suicidera pour fuir cette honte. La fille Shoko exprime beaucoup de colère et aussi de surprise devant la découverte de cette liaison.
Dans la seconde lettre, Midori, pas si naïve que ça, exprime sa haine envers Shoko. Même si son amour de Josuké n'est plus aussi passionnel, elle ne lui pardonne pas de détruire son couple. Elle quittera d'ailleurs au final son mari, même après la mort de Shoko.
Enfin, La dernière lettre est celle de Shoko : le récit est puissant car le tiraillement de cette femme entre son amour et la honte de devoir le vivre ainsi est magnifiquement exprimé. On ressent tout le dégout qu'elle se porte, sa compassion envers Midori, son amour inconditionnel de Josuké.
C'est un roman que j'ai lu deux fois, ayant besoin de le relire pour en comprendre toutes les subtilités et tous les détails, qui explicitent un peu plus l'intrigue.

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