mardi 2 octobre 2012

Dernière nuit à Twisted River

IRVING John


Présentation de l'éditeur

1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !

Avis

Ce livre est mon premier de John Irving et je comprends maintenant l'engouement pour cet auteur.
Je n'en raconterais pas plus sur l'intrigue car la quatrième couverture est suffisamment détaillée : il serait dommage de dénaturer la subtilité de ce roman par des révélations maladroites.
Que dire qui n'a pas été dit?
Je vais commencer par ce qui m'a posé problème et je finirais par les multiples points positifs.
La longueur du roman (prés de 700 pages) n'est pas une difficulté en soi pour moi : Dernière nuit à Twisted River couvre des dizaines d'années, presque toute une vie, il y a donc peu de temps mort. Certains passages notamment de description de lieux sont un peu longues, mais ce n'est pas cela qui réduit la vitalité de l'intrigue.
Ce qui m'a posé vraiment des difficultés, ce sont les allers retours dans la chronologie des événements : c'est parfois déstabilisant et il m'est arrivé de revenir en arrière pour bien comprendre le période où se situe la narration. A contrario, le déroulement non linéaire de l'intrigue apporte vraiment à la beauté de l'écriture : le lecteur ressent vraiment les liens qui existent entre les événements passés, le suspens est distillé avec brio ce qui nous pousse à continuer la lecture. C'est vraiment trés accrocheur et il faut reconnaitre un vrai talent à John Irving pour cela.
J'ai vraiment été époustouflé par la qualité de l'écriture. Tout est décrit avec des mots subtils, incroyablement réalistes : c'est une ode à la nature de l'Amérique du sud sans nier l'impact de la modernisation et les conditions de vie précaires, voire primaires des draveurs. Les personnages sont très nombreux, mais avec une personnalité profonde, toujours en clair-obscurs. Aucun n'est superflu mais enrichissent le parcours de vie de Dominic et de Danny, comme chacun peut en rencontrer dans une vie. Ketchum, le draveur solitaire, est une vraie figure : son vocabulaire, sa solitude choisie, son rôle de protecteur en font vraiment une personnalité unique, trés attachante.
Enfin, ce livre est une réflexion sur le travail de l'écrivain : en quoi les événements de la vie nourrissent l’inspiration de l'auteur ? S'en sers-t-il pour créer une œuvre ou pour exorciser ses propres démons ? John Irving ne livre pas de réponses mais dresse un portrait tout en nuance d'un écrivain. J'ai vraiment découvert avec plaisir ce livre et cela ne sera pas mon dernier roman de John Irving.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire